LIFESTYLE
Reportage
S'affirmer grâce à l'autodéfense instinctive
La self-défense instinctive propose de travailler sa confiance et de trouver en soi des ressources insoupçonnées pour se protéger en cas d'agression. Reportage lors de workshops donnés à Nyon et Etoy.
Un livre sur l'autodéfense instinctive
Invoquer sa lionne intérieure en cas de mauvaise posture. La self-défense instinctive peut se résumer par cette image! L’idée est de se reconnecter à cet instinct de survie animal, dont nous nous sommes éloignés. C’est ce que regrette Martial Vout (44 ans), instructeur de self-défense. Il dispense des cours collectifs dédiés aux femmes ou aux enfants dans le canton de Vaud principalement. «Je leur propose de retrouver ces gestes instinctifs qui permettent de se défendre même si on a un petit gabarit.» Il ne s’agit pas d’apprendre des prises compliquées, mais des gestes de base pour décourager l’adversaire.
Six participantes s’apprêtent à s’ouvrir à leurs instincts sauvages lors d’un workshop de deux heures à Etoy, dans la salle "La Tête en l'Air" aux Ateliers de la Côte. Parmi elles, les jeunes Elsa (13 ans) et Audrey (14 ans) ont été inscrites par leurs familles. «Je suis ici pour apprendre à me défendre, si un jour je me fais agresser», explique Audrey. Une façon de se sentir également plus à l’aise lorsqu’il faut rentrer de nuit à la maison.
Cristina (37 ans) espère «acquérir les bons réflexes, par prévention» et estime que ce type de cours est «bon pour la confiance en soi». Elle s’est déjà fait agresser à un distributeur de billets à Londres. Alexandra (29 ans) voulait suivre ce type de cours depuis longtemps. Lors de sorties en boîte de nuit, cela lui arrive de devoir décourager des hommes aux comportements déplacés. Surtout, une de ses amies a subi une agression sexuelle récemment. Un incident tragique, qui donne envie de se rassurer sur sa capacité à réagir.
Retrouver son côté sauvage
«Est-ce que parmi vous quelqu’un a un chat femelle?», demande l’instructeur pour briser la glace. Une participante acquiesce. «Est-ce que vous l’avez inscrite à un cours de self-défense avant de la laisser sortir? Non! Les femelles dans la nature savent se défendre d’instinct!» Aujourd’hui, il veut nous prouver que nous aussi, nous en sommes capables. Chacune choisit un animal – les félins ont la cote – pour incarner ce côté sauvage qu’on cherche à retrouver.
Réagir selon la gravité de la situation
Les situations présentées lors des workshops de self-défense instinctive ont divers degrés de gravité, cela va de la «drague lourde au bureau» mettant mal à l’aise, à une tentative d’agression sexuelle. «On réagit différemment selon le danger que l’on court: il faut écouter sa voix intérieure.» Si la dissuasion verbale et la fuite ne sont pas possibles, chaque femme a suffisamment de ressources physiques pour protéger son intégrité.
L’instructeur détaille différentes techniques pour signifier un non ferme, jusqu’à des gestes pour blesser son agresseur avant de s’échapper. Cela va d’une claque sur le nez, d’un coup avec le plat du pied dans le tibia à se saisir de l’oreille et l’arracher en cas de danger (voir notre vidéo, lien en fin d’article). Ces gestes de violence, pas anodins, sont des réflexes à conserver pour d’hypothétiques situations désespérées. «Ces techniques ont un avantage: contrairement à celles que l’on apprend en pratiquant des arts martiaux, on n’a pas besoin de garder son sang-froid pour les exploiter», explique Martial Vout.
Exploiter son stress en cas de danger
«En cas de danger, notre rythme cardiaque explose et on ne maîtrise pas sa peur. On va d’ailleurs plutôt utiliser ce stress!» Bonne nouvelle pour les poids plumes: «Ce que vous avez en moins en muscles ou en poids, vous pouvez le compenser en agressivité!» L’idée est de se plonger dans un état «reptilien», connecté à notre cerveau primaire, configuré pour assurer notre survie. Anciennement à la tête d’une agence de sécurité privée, Martial Vout, qui vit à Vevey, a observé ces techniques chez les animaux ainsi que chez les jeunes enfants. D’ailleurs, on a tous en tête une vidéo vue sur Internet où un petit animal, dans une explosion de culot et d’agressivité, fait fuir un prédateur trois fois plus gros!
L’instructeur donne aussi des cours privés à des femmes battues, qui doivent se reconstruire. Savoir que l’on est capable de se défendre, c’est en effet crucial pour la confiance en soi. «Il s’agit de se reconnecter à une énergie vive qui peut être exploitée dans bien des domaines, pour davantage oser!», conclut Martial Vout. Pour lui, cela commence par oser s’affirmer dans les situations de la vie de tous les jours.
Dates des prochains workshops de self-défense:
Femmes: 28 mars à Buchillon, 16 avril à Bienne, 18 avril à Lausanne, 10 mai à Châtel-Saint-Denis, 29 juin à Yverdon Enfants: 23 mars à Etoy, 8 mai à Châtel-Saint-Denis
Infos et dates: www.martialvout.com
Et les enfants?
Se défendre dans la cour d'école
Un engagement en Inde
Martial Vout est actif en Inde depuis 2008. «J’ai un lien charnel avec ce pays, j’y retourne trois mois chaque année.» Les violences faites aux femmes y sont un sujet omniprésent. Il y forme des instructrices, qui sont rémunérées par l’Association Martial Vout pour l’Autodéfense Féminine, afin de donner des cours dans les bidonvilles.